Compte rendu d’ouvrage publié dans la revue « Traduire »
n° 220, juin 2009 -
Dictionnaire des Sciences de la Terre
, Anglais-Français, Français-Anglais, Jean-Pierre Michel, Michael
S.N. Carpenter, Rhodes W. Fairbridge, Dunod, Paris, 2004, 4e édition,
454 pages, 50 €
La dernière édition du Dictionnaire des Sciences de la Terre
de J.-P. Michel, M. Carpenter et R. Fairbridge est un ouvrage indispensable
à toute personne ayant besoin de traduire des textes du français
vers l’anglais ou de l’anglais vers le français dans le domaine des
sciences de la terre. Elle intéressera aussi bien les chercheurs, que
les étudiants et les traducteurs professionnels.
Ce dictionnaire est le résultat du travail de trois géologues
(deux anglophones et un francophone) bien établis dans cette discipline.
La combinaison de leurs expériences en enseignement universitaire et
en traduction professionnelle donne plus de poids à ce dictionnaire
bien organisé.
Jean-Pierre Michel, qui est français, est maitre de conférences
à l’université Pierre-et-Marie Curie à Paris. Michael
Carpenter, qui est britannique, possède une vaste expérience
en géologie ; il est titulaire d’un doctorat dans cette discipline.
Il vit en France depuis plus de 30 ans et travaille comme traducteur professionnel
spécialisé depuis plusieurs années.
Rhodes W. Fairbridge, de nationalité australienne, était professeur
émérite en géologie de l’Université Columbia à
New York aux États-Unis. Il est décédé en 2006.
Cette quatrième édition contient plus de 2 500 nouvelles entrées
avec plus de 15 000 mots en anglais et 9 000 mots en français. L’ouvrage
propose des termes scientifiques, techniques et généraux dans
48 domaines des sciences de la terre, comme l’anthropologie, l’astronomie,
la chimie, la climatologie, les forages, la géochimie, l’hydrogéologie,
les techniques de laboratoire, l’océanographie, la pétrologie,
la planétologie, la tectonique, la thermodynamique ou la volcanologie.
Les domaines de référence de chaque terme sont clairement indiqués.
Afin d’illustrer les variations potentielles d’un mot en fonction du contexte
et du domaine concerné prenons l’exemple du mot anglais « lime
» :
lime, chaux ;
-l. craig, front de taille d’une carrière de calcaire (Écosse)
-l. feldspar, anorthite
-l. mica, margarite
-l. mud mounds, îlots de boue carbonatée (Floride)
-l. nodule, concrétion calcaire, poupée
-l. soda feldspar, feldspath calcosodique (plagioclase)
-fat l., c. grasse
Les différences orthographiques entre anglais britannique et américain
sont également indiquées :
palaeosome (GB), paleosome (US), paléosome (Fr)
Les auteurs indiquent aussi les terminologies non anglophones qui
peuvent être rencontrés ou les termes qui sont spécifiques
à un pays. Par exemple, ce dictionnaire propose les termes suivants
:
mésa n.f., mesa (Spanish), entablement, small plateau.
Léwisien n., Lewisien (Precambrian : Scotland).
pain de sucre n.m., sugar-loaf (Brazil), inselberg.
zeuge (German), roche champignon, pyramide de fée.
barricade de blocs glaciels (Québec) n.f., boulder barricade.
vlei, vley, vliy (etym. Dutch), petit marécage (US, Afrique
du Sud).
Chaussée des Géants n.f., Giants Causeway (N. Ireland).
chevauchement n.m., c. de la glace sur les berges, ice riding up
(Canada).
djebel (Arabie) n.m., jebel, jabal, hill, mountain.
Enfin, les mots considérés comme « inhabituels »,
« désuets » ou rares sont bien indiqués ainsi que
les mots à privilégier. A titre d'exemples :
gleysation (U.S.) (better : gleyization, gleization), formation
d’un niveau gleyifié (pédol.) ; gleyification, gléification.
para rock (obsolète), roche métamorphique d’origine
sédimentaire.
lithoclase (désuet) n.f., lithoclase, fissure.
météorisations (peu employé) n.f., weathering.
diluvium (peu usité) n.m., diluvium.
gélifracté adj., frost-fractured, shattered, gelifracted
(rare).
L'introduction vaut la peine d’être lue, car elle contient de nombreux
outils utiles pour les traducteurs ou autres utilisateurs. Elle contient des
informations auxquelles on ne pense pas toujours comme les différentes
manières d’écrire les nombres et les dates. Par exemple, en
français, on écrit 0,25 pour un quart et 25.000 ou 25 000 pour
vingt-cinq mille. Mais, c’est l’inverse en anglais (0.25 et 25,000). En ce
qui concerne les dates du calendrier, il faut se rappeler qu’il y a plusieurs
façons de les indiquer avec des différences entre le Royaume
Uni et les États-Unis.
En ce qui concerne les noms géographiques, stratigraphiques et tectoniques,
les auteurs soulignent certaines des erreurs associées à l’emploi
incorrect des majuscules. Un bon exemple en est le bassin de Paris qui s’écrit
the Paris Basin et non the Paris basin en anglais; autre exemple
: vieux grès rouge que l'on doit écrire Old Red Sandstone
en anglais.
Il y a aussi des conseils de rédaction (très utile pour les
personnes qui écrivent des articles scientifiques ou des rapports).
Certaines de ces suggestions aident à choisir entre l’utilisation du
passé composé ou de l’imparfait en anglais (au lieu du présent
de l’indicatif), ou conseillent l’usage de la première personne à
la place du style impersonnel ou passif. Enfin, les auteurs fournissent de
nombreux exemples d'erreurs fréquentes en anglais et en français
ainsi que de faux amis.
Quelques exemples des erreurs fréquentes donnés par les auteurs
:
-Datation (fr.) ne doit jamais être traduit par datation en
anglais mais par dating. D’autres termes incorrects à ne pas
utiliser sont alimentation (pour « alimentation »
d’un bassin sédimentaire par exemple) et « basculating »
pour le « basculement » d’une couche sédimentaire, qui
sont utilisés de façon erronée en géologie au
lieu de supply et tilting.
-Extension (fr.) en tectonique qualifie la distension (overstretching
or extension en anglais) ou l’étirement (stretching
en anglais) subi par les roches dans un régime d’extension
(extension en anglais). En géographie, cependant, la traduction
correcte en anglais est extent.
L’ouvrage fourmille d’informations pratiques comme un répertoire
d’abréviations scientifiques anglo-américaines, une échelle
des temps géologiques (de l’Archéen jusqu’à la fin du
Cénozoïque), une conversion d’unités (de kbar en mégapascals,
par exemple), quelques règles pour décrire la stratification
et des adresses de sites internet très utiles : site de référence
pour les symboles et préfixes utilisés par le « Système
International des Unités" ou celui décrivant les règles
de nomenclature pour les terminologies stratigraphiques et tectoniques.
Ce dictionnaire occupera donc une place de choix dans toutes les bibliothèques
des personnes qui travaillent ou sont intéressées par les sciences
de la terre. Les auteurs eux-mêmes précisent tout de même
qu’un dictionnaire parfait n’existe pas et qu’il faut toujours consulter d’autres
sources et comparer les définitions entre les deux langues. Cependant,
grâce à cet ouvrage, l’utilisateur gagnera un temps précieux
en ayant à sa disposition une mine d'informations essentielles. Si
vous devez traduire des textes en relation avec les sciences de la terre,
ce Dictionnaire des Sciences de la Terre est l’ouvrage qu’il vous
faut !
d'après Sara Mullin